avec Giulia Andreani, Malala Andrialavidrazana, Raphaël Barontini, Laura Bottereau & Marine Fiquet, Edi Dubien, Halida Boughriet, Esther Ferrer, Kay Garnellen, Pélagie Gbaguidi, Kubra Kadhemi, Katia Kameli, Mehdi-Georges Lahlou, Roberta Marrero, Myriam Mechita, Myriam Mihindou, Pauline N’Gouala, Leonor Palmeira & Camille Pier, Françoise Pétrovitch, Chantal Raguet, Athi-Patra Ruga, Abel Techer, Nicole Tran Ba Vang, Floryan Varennes
Commissariat : Pascal Lièvre
Créer des espaces politiques
Décoloniser les corps propose d’explorer les stratégies des artistes qui déconstruisent les normes oppressives de genre, de sexe et de racisation dans leurs œuvres. Celles-ci peuvent être perçues comme des œuvres militantes qui créent des nouvelles alliances formelles, conceptuelles et politiques avec les corps qui les perçoivent. L’œuvre est avant tout envisagée dans sa matérialité spéculative non plus seulement comme un objet qui médiatise des informations formulant un ou des points de vue sur le monde, mais plutôt comme une matérialité activiste qui œuvre au-delà du champ de l’art pour transformer les espaces d’expositions en espaces politiques.
Des corps intersectionnels
En proposant d’autres représentations des corps, les artistes rejoignent un mouvement qui va des théories féministes à la pensée queer en passant par les théories postcoloniales pour s’orienter vers une analyse intersectionnelle des systèmes de pouvoir qui s’exercent sur nos corps. L’espace d’exposition est envisagé comme un corps biopolitique intersectionnel traversé lui aussi par des discours normatifs qu’il est nécessaire de déconstruire.
Faire alliance avec toutes les formes vivantes
Nos corps sont colonisés par des savoirs qui conditionnent des perceptions très étroites du réel, et vivent souvent comme des oppressions certaines normes qui ne correspondent pas à ce qu’ils sont vraiment. Nous devons envisager d’autres corps, d’autres normes, d’autres savoirs mais aussi d’autres alliances avec toutes les formes vivantes car elles perçoivent d’autres réels qui peuvent nous apprendre à transformer nos perceptions. C’est dans le grand bazar du vivant, envisagé comme un espace sémiotique où chacun·e peut être ou non perçu·e par d’autres, qu’il s’agit d’explorer les nouvelles matérialités artistiques.
Des œuvres rassemblées comme un écosystème.
Les œuvres sont produites par des corps qui performent les savoirs et les normes. Ces corps cisgenres, transgenres et intersexes, formés dans des contextes politiques postcoloniaux tous très différents, se confrontent matériellement à des supports traditionnels du monde de l’art contemporain. Le déplacement plastique ne se jouant plus uniquement dans la matérialité de l’œuvre mais dans les réels qu‘elle propose d’explorer. Dessins, peintures, photographies, vidéos, objets et sculptures forment le corpus de l’exposition. Ces mediums traduisent les hypothèses d’un réel augmenté par une pluralité intersectionnelle. La relation entre les œuvres que construit cette exposition crée un écosystème singulier où des matérialités sont assemblées formant une cosmologie animique.