Magasin Rougié & Plé, Paris
Pascal Lièvre propose à chaque artiste d’intervenir dans une vitrine du magasin et de créer une oeuvre.
4 Janvier au 10 Février 2001
Jacob Gautel & Jason Karaindros, Dodi & Flori Reifenberg, Veronika Witte, Guillaume Serve, Skall, Tony Soulié, Gilles Magnin, Amadeus Winkler.
15 Janvier au 16 février 2002
A.C.E., Catherine Baÿ, Catie de Balmann, Aude du Pasquier Grall, Maike Freess, Nathalie Lecroc, Gaelle Chotard, Josephine Martin, Tsuneko Taniuchi.
Le Quotidien des Arts
Pour la deuxième fois, de jeunes plasticiens investissent les vitrines du magasin parisien Rougier et Plé, spécialisé dans les fournitures pour artistes. «Vous le trouvez beau, celui là ?». L’homme qui me pose la question est interdit, face à la photographie en grand format d’un de ses semblables, figé, la tête en bas, dans une posture inconfortable. Une orange voile son sexe. Quelques autres fruits sont disposés autour de lui, sur un tapis. L’œuvre, signée Aude du Pasquier Grall, appartient à une série intitulée Le cycle masculin, si l’on en croit le cartel, collé à droite de la vitrine où trône la photographie. L’homme de la rue reprend sa marche. Quelques secondes plus tard, deux aubergines cessent de dresser une contravention à une camionnette garée sur un passage piétonnier et s’approchent, à leur tour, d’une télévision, installée dans une autre vitrine. Le film qui s’y déroule, Future épouse aime faire de la peinture, signé Tsuneko Taniushi, montre une jeune Japonaise en robe de mariée, peignant au chevalet. Ainsi, dix jeunes artistes présentent chacun une œuvre dans les vitrines du magasin Rougier et Plé, boulevard Voltaire. L’initiative, originale, revient au directeur du magasin, Gérard Leclercq. En dépit de la réputation de cette vieille maison (célèbre depuis des décennies pour ses peintures à l’huile en tube de zinc, ses toiles montées sur châssis et tous ses autres objets indispensables aux amateurs et aux professionnels de la peinture), les artistes choisis travaillent essentiellement la vidéo et la photographie. Mode oblige. Le commissaire de l’événement, Pascal Lièvre, artiste lui aussi, développe ainsi sa théorie de la vitrine, «lieu d’expérimentation» et «espace autonome». Son site internet, à ce propos, mérite le détour, artetvitrines.com). «La peinture est plus difficile à montrer en vitrine, parce qu’elle ne bouge pas», affirme-t-il. Les dix femmes qu’il a choisies cette année -«une boutade, parce que la première année, sans le faire exprès, je n’avais choisi que des garçons» – l’ont été par bouche à oreille, entre artistes. «Elles sont toutes très intéressantes, elles avaient toutes très envie d’investir ces vitrines». Ne boudez donc pas ce rendez-vous, ludique et gratuit, qui n’est pas sans rappeler certaines attractions de la fête foraine de la place Pigalle. Françoise Monnin